Auteur: Neal Shusterman
Edition: Robert Laffont (R)
Nombre de pages: 493
Synopsis: « Les commandements du Faucheur :
Tu tueras.
Tu tueras sans aucun parti pris, sans sectarisme et sans préméditation.
Tu accorderas une année d’immunité à la famille de ceux qui ont accepté ta venue.
Tu tueras la famille de ceux qui t’ont résisté. »
J’avais repéré ce livre un peu avant la parution VF. La dystopie young-adult ayant été mon premier genre préféré (je ne sais pas s’il est toujours mon favori aujourd’hui mais ce qui est sûr c’est que j’aime toujours énormément), le synopsis me donnait donc forcément envie, et puis le titre, ainsi que la première et la quatrième de couverture sont quand même sacrément badass ! Je me le suis donc procuré peu après sa sortie et ai attendu que le BAC soit passé pour m’y plonger. Fin juin, j’étais maintenant prête à dévorer ce roman qui avait tout pour être un super page-turner. Et au final, je suis restée bloquée dessus presque un mois.
Ma lecture avait pourtant plutôt bien démarré. Je trouvais le début sympathique, jai même assez rapidement apprécié le personnage de Rowan. L’intrigue étant quand même super innovante et intéressante, j’avais vraiment hâte de m’immerger complètement dans cet univers, et pourtant c’est arrivé très, très tard. Non pas que ce livre soit mauvais, mais il n’était que « sympathique », alors que je m’attendais à un réel coup de cœur dès le début. Je le lisais sans pour autant être totalement dedans. J’aimais bien l’univers, mais il m’a semblé assez mal construit, j’aurais vraiment voulu plus de détails, plus d’explications, sur la manière dont il a été fondé notamment. Toute la première moitié m’a semblée vraiment longue, et le fait que je traîne autant à la lire n’a rien arrangé. Et pourtant je gardais espoir, je voulais aimer ce livre. Passé 100 pages je me disais « ce n’était que le début, le livre sera bientôt très prenant », mais 100 pages plus tard on en était encore au même stade, j’attendais un tournant qui me ferait réellement rentrer dans le livre et ne me laisserait en sortir qu’en le terminant. Une fois après avoir dépassé la moitié, j’ai compris que ce tournant n’arriverait jamais. Une fois de plus, j’étais déçue par un livre que tout le monde aimait. J’étais totalement dépitée. J’ai accéléré le rythme durant la dernière partie pour vite le terminer et alors un petit miracle se produit: j’ai adoré les 100 dernières pages. J’ai trouvé la fin vraiment prenante et palpitante, et j’ai même fini par apprécier un personnage que je détestais. La Faucheuse n’est donc pas une totale déception.
Bon voilà maintenant que je me suis exprimée sur mon parcours laborieux entre ces pages, passons à l’intrigue ! On suit deux adolescents qui vivent dans un futur où la mortalité a été éradiquée. Les humains ne peuvent plus tomber malades, et même s’ils chutent du haut d’un immeuble, ils seront toujours ramenés à la vie. Mais comme ils continuent de se reproduire, il fallait trouver un moyen pour que la Terre ne soit pas surpeuplée. Ainsi sont donc nés les faucheurs, une communauté chargée de « glaner » (= prendre la vie définitivement) de manière aléatoire, sans distinction de couleur, de sexe, de classe sociale, etc. Nos deux adolescents, Citra et Rowan, ont donc été choisis par Maître Faraday pour recevoir la formation de faucheur. Mais seulement un seul d’entre eux pourra accéder à ce titre, l’autre sera glané par le gagnant.
S’il vous est arrivé d’étudier des dessins animés datant de l’âge mortel, vous vous rappellerez sans doute de celui-ci. Un coyote cherchant tous les subterfuges possibles pour causer la mort d’un grand oiseau au long cou.
Seulement voilà : jamais le coyote ne parvenait à ses fins; ses plans se retournaient systématiquement contre lui.
Soit il explosait, soit il se prenait une balle, soit il chutait d’une falaise d’une hauteur rocambolesque.
Et c’était drôle.
[…]
J’ai assisté à de nombreux accidents donnant lieu à une mort temporaire. J’ai vu des gens chuter dans des bouches d’égout, se faire faucher par des véhicules pour s’être mis par inadvertance sur leur trajectoire.
Et quand cela se produit, les gens rient, car peu importe l’atrocité de l’événement, l’accidenté, tout comme le coyote, sera de retour un jour ou deux plus tard, en pleine forme et comme s’il ne lui était jamais rien arrivé.
L’immortalité nous à tous transformés en personnages de dessins animés.
Citra est le personnage que je détestais au départ. Manque de chance, c’est le personnage principal. J’ai trouvé son tempérament vraiment imbuvable. Mais heureusement, elle évolue et je l’ai trouvée vraiment géniale à la fin ! En revanche j’ai tout de suite bien aimé Rowan, de plus son évolution est très intéressante. Bon comme on s’y attend tous ils développent pour l’un l’autre des sentiments amoureux mais s’il y a bien une chose qu’on ne peut pas reprocher à ce livre c’est que la romance prenne trop de place. Elle est en effet vraiment minime et c’est très appréciable car plutôt rare en YA. Et heureusement qu’elle prend si peu de place parce que les romances du genre amour impossible, on se déteste puis on finit par s’aimer éperdument, je trouve ça vraiment lourd. Mon personnage préféré est de loin Maitre Faraday. Je l’ai trouvé vraiment charismatique et attachant. Bon après il y a Maître Goddard, le méchant de base dont on se méfie tout de suite. Psychopathe qui prend plaisir à glaner et n’en a jamais assez. Rien de bien étonnant.
Ce qu’on pourrait facilement reprocher sur les personnages c’est qu’ils sont assez clichés et manichéens. On a clairement d’un côté les gentils, qui veulent causer le moins de peur et de douleur possible, et les méchants, qui veulent donc paraître effrayants aux yeux de leurs victimes et leur infligent une mort lente et douloureuse.
Ce qui m’a aussi déplu dans ce roman c’est l’écriture. Elle est vraiment très simpliste et certains dialogues sont vraiment mal écrits (à la fin Rowan qui dit à Citra « Je t’aime » et elle qui lui répond « Idem » j’ai trouvé ça assez risible quand même, mais bon on peut peut-être mettre ça sur le compte d’une mauvaise traduction).
En revanche ce que j’ai particulièrement aimé dans ce livre, c’est que les faucheurs sont loin d’être de simples machines à tuer comme on pourrait le penser au départ et comme les deux personnages principaux l’imaginaient également. Bon il y a évidemment quelques exceptions Maître Goddard, mais la communauté met un point d’honneur sur la compassion. Les faucheurs ne doivent pas prendre plaisir à ôter la vie, ils le font parce qu’il le faut, pour le bien de l’humanité. C’est pourquoi aussi j’ai aimé Maître Faraday, mais aussi Dame Curie qui lui ressemble beaucoup. Pour eux la compassion est vraiment primordiale dans le devoir des faucheurs.
Je comprends pourquoi il y a des faucheurs, combien c’est important et à quel point leur œuvre est nécessaire… mais je me demande souvent pourquoi il a fallu qu’on me choisisse moi. Et s’il existe effectivement un monde éternel après le nôtre, quel sort sera réservé à un preneur de vie ?
Etant donné que la fin m’a beaucoup plu, j’ai vraiment hâte de connaître la suite malgré les défauts que j’ai trouvé à ce livre. J’ai lu qu’ils travaillaient aussi sur une adaptation cinématographique et serais curieuse de la voir. Je pense en revanche faire une petite pause dans la littérature YA parce que La Faucheuse était un peu la déception de trop.
Mais surtout si ce roman vous fait envie, ne vous arrêtez pas sur mon avis, une grande majorité de personnes a adoré. Je vous conseillerais juste de peut-être réduire un peu vos attentes si elles sont trop grandes, ça ne pourra être que bénéfique 😉